Wednesday, July 29, 2009

Victoria, de Jean-Marc Vallée

La reine Victoria a régné durant plus de soixante ans, durée exceptionnelle dans l'histoire du Royaume-Uni. Cette longévité est en partie due à sa jeunesse lors de l'accession au trône. Cette fraîcheur et son inexpérience premières sont les deux points qu'aborde le film, débutant lors du couronnement de Victoria, et revenant à ce point de départ après un long flash-back qui la montre un an auparavant. L'histoire qui tient le film est donc celle du refus obstiné de Victoria de se soumettre à une régence de sa mère, les débuts au pouvoir chaotiques de la jeune fille de dix-huit ans, sous le coup de l'influence de Lord Melbourne, et son amour, d'abord lointain, avec son cousin germain qui deviendra son mari, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha.


Le film tient avant tout à dresser le portrait d'une reine jeune mais forte d'indépendance et d'une grande liberté d'esprit. A travers son refus obstiné de se soumettre à une régence, dominé par la vision qu'à Victoria de sa mère, manipulée par un homme, la princesse offre un visage de femme avant-gardiste, laissant pressentir les décisions qui feront plus tard de l'époque de son règne, celui d'une ère de splendeur. La jeune femme est dépeinte en demi-teintes, subtilement, assumant ses erreurs, et ne se libérant de l'emprise de Lord Melbourne qu'une fois mariée. Les jeux de pouvoir et les liens que chacun tente de tisser pour sa propre accession au trône sont au centre de toutes les préoccupations des personnages.


Le film, à tendance historique évidemment, pêche par son image trop conventionnelle dans ce genre. Le flou est trop présent, les focales souvent courtes, et les transitions privilégiées sont les longs fondus entre deux paysages de la campagne anglaise. Cette mise en scène n'est pas désagréable, si elle n'est pas originale. La vérité historique est quant à elle respectée, même si sont privilégiés, bien entendu, les rapports de Victoria avec son futur mari, son amour naissant et qui s'accomplit.


On peut regretter que les faits historiques ne paraissent être que des broutilles, de simples faits passagers et qui n'influent pas sur le cours de la romance et du règne de Victoria. Les seules réelles difficultés ne sont que d'ordre conjugales, et vite résolues. Les autres obstacles sont d'une telle brièveté qu'ils ne semblent pas avoir un impact réel sur les décisions historiques. De même, on peut se demander si la vie à la cour est représentée de manière réelle, au vu de la grande liberté dont semble jouir la reine, qui peut traverser seule des couloirs et des pièces sans le moindre courtisan à ses trousses.


Si la véracité de l'Histoire n'est pas remise en question dans la représentation qu'en fait Jean-Marc Vallée, la bluette légère et pas tout à fait déplaisante qui est en premier plan ne restera pas dans les mémoires de la même manière qu'a pu le faire la vie de la véritable reine Victoria.




Victoria, les jeunes années d'une reine
de Jean-Marc Vallée
avec Emily Blunt, Rupert Friend, Paul Bettany,...
sortie française: 22 juillet 2009

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