Tuesday, March 16, 2010

Precious (based on the novel Push, by Sapphire), de Lee Daniels

Precious, seize ans, rêve d'un avenir meilleur que son présent. Mais comment espérer vivre vraiment, alors qu'elle a la peau noire, pèse plus de cent kilos, que l'école ne réussit pas à l'instruire, que sa mère la bat et qu'elle attend un deuxième enfant de son propre père? Precious possède tous ces désavantages et pourtant, une fois renvoyée de l'école car enceinte à nouveau, elle découvre une nouvelle manière d'apprendre et des gens prêts à l'aider et à l'aimer comme elle est.


L'histoire a beau conter comment Precious, son héroïne, sort de sa condition défavorable, le film n'est pas condescendant pour autant et n'épargne aucune humiliation à son personnage. Precious, avant toute chose, souffre, et, en voix off, exprime son envie d'autre chose, envie qu'elle sait être vaine. Ni son entourage, sa mère, jalouse d'elle, qui l'exploite, son père, qui la viole, et qu'on ne voit jamais autrement que via des flash-backs, ses professeurs à l'école, les services sociaux, rien, ni personne ne pourra effacer tous les affronts qu'elle a subi et continue à subir; non seulement à cause de son premier enfant, née mongolienne, mais aussi cause de son poids, éléphantesque, qui envahit l'écran à chaque pas.  La dureté des événements, qui aurait pu être trop insoutenable, est allégée par les visions de Precious, colorées, emplies de sons heureux et d'amour. Le retour à la réalité n'en est que plus dur, mais au moins a-t-elle eu ces instants de bonheur imaginé.


Les personnages secondaires, qu'elle rencontre à "l'école alternative", transportent aussi leurs bagages, trop lourds pour des jeunes filles qui n'ont pourtant pas encore tout à fait abandonné l'idée d'avoir un avenir. Toutes relativisent, solidaires, avec celle dont le poids d'un passé très court, est déjà plus pesant que les leurs réunis. L'amitié qui se noue entre ces filles un peu brutes est le plus touchant. Mariah Carey également, en assistante sociale dont on devine la vie stable, et l'envie réelle d'aider ceux qui n'ont pas eu ses privilèges, peut-être, est surprenante de sobriété et de sensibilité. Le grand atout de Precious réside dans cette galerie de personnages dont le passé, esquissé, reste à deviner. Ils entourent Precious de leurs expériences différentes et de leur réelle compassion, de tout ce sans quoi le trop-plein de malheurs du personnage principal paraîtrait irréel.


Dans la forme, le film est imparfait, la voix off, monocorde, de Precious, contestable, tout comme ces effarants passages en slow-motion qui exagèrent encore l'infortune de l'héroïne. Et pourtant, la légèreté que se permet la caméra fait s'envoler le film vers l'émotion.


Precious
de Lee Daniels
avec Gabourey Sidibe, Mo'Nique, Paula Patton,...
sortie française: 03 mars 2010

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