Wednesday, December 22, 2010

Megamind, de Tom McGrath

La fin est proche pour deux planètes prêtes à être englouties par un trou noir. Deux couples de parents, sur ces deux planètes, expédient leurs bébés dans l'espace... Les deux navettes suivent une trajectoire presque semblable, l'une passant dans les champs de météorites, l'autre juste à côté. La seconde atterrit au pied du sapin de Noël d'un couple apparemment fortuné, dont la femme est ravie de pouvoir pouponner... tandis que la première tombe dans la cour d'une prison. Les deux extra-terrestres grandissent, voisins. Metroman, ainsi qu'il se nomme, devient le gardien de Metro City; Megamind, n'arrivant pas à exceller et se faire apprécier, devient le super-méchant. Et la routine s'installe une fois ces rôles établis. Un jour pourtant, Megamind prend le dessus... et tue Metroman.


Classique, cette histoire opposant un super-héros et un super-méchant, introduit également l'élément féminin sous la forme d'une jolie et téméraire journaliste, toujours prête à s'enthousiasmer pour les exploits de Metroman et à mépriser les tentatives de Megamind pour le faire tomber. Cliché ou pas cliché? Certes, on est dans un dessin animé, où les codes sont simplifiés, faciles à saisir pour les enfants. Et l'équilibre entre le bien et le mal est tout de même bouleversé, dès les premières minutes du film. Mais on revient vite à de poussifs classiques. L'enfance joue un rôle déterminant dans la construction de la personnalité de nos héros: le gamin rejeté - parce qu'il ne réussit pas à faire fonctionner ses inventions, parce qu'il est bleu aussi, peut-être? - se venge sur le monde, mais a avant tout besoin d'amour; tandis que le gosse aimé de tous - qui devient un bellâtre aux gros muscles et à la mèche flamboyante - est la bonté même, mais souffre de ce destin imposé... La petite journaliste elle-même agit comme on s'y attend; ses pantalons et sa coupe de cheveux courte montrent une femme énergique et féministe, moderne; mais elle se pâme devant le sauveur à la cape blanche, et s'attendrit face à un cœur bleu dont elle découvre les faiblesses.


J'ai de nouveau vu ce film doublé en français. Les distributeurs comprendront-ils un jour que la version originale a aussi son public en journée? Les voix de Kad Merad et de Franck Dubosc sont probablement moins charismatiques que celles de Will Ferrell et Brad Pitt dans la version originale. Kad Merad ne donne aucune intonation à son personnage, Megamind, et Franck Dubosc fait du Franck Dubosc plutôt que du Metroman. Les blagues, si tant est qu'il y en a, ne sont pas du tout mises en valeur par cette distribution. J'ai rarement aussi peu ri devant un dessin animé, alors que la qualité technique, depuis le scénario jusqu'au mixage final, est bien là. Le personnage de Nounou, petit poisson aux dents carnassières qui veille depuis son enfance sur Megamind, est supposé concentrer les rires et les gags. Il manque cruellement de côtés mignons, et ses états d'âme indiffèrent.


En fait, tout du long du film, j'ai eu l'impression d'une longue introduction, sans que l'action ne démarre vraiment, sans que le sujet profond du film soit jamais dégagé. D'ailleurs, Megamind s'ouvre sur une des dernières images, et n'est ensuite qu'un grand flash-back. Kad Merad, monotone, raconte en pré-générique la naissance des héros, et leurs vies en parallèle; la voix off n'est pas exactement excitante à ce moment là. Les déboires de Megamind qui s'ensuivent ne suffisent pas à rattraper assez rapidement ce moment critique qu'on nous a promis dès le début. L'action court après cet instant qui, au final, manque de dramaturgie.


Le dernier Dreamworks n'est pas mauvais pour autant. Les rythmes sont rondement menés, on ne s'ennuie pas. Mais on s'attend à mieux d'un tel studio, pas à cette coquille un peu creuse.



Megamind
de Tom McGrath
avec (en VF): Kad Merad, Franck Dubosc, Géraldine Nakache,...
sortie française: 15 décembre 2010

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