Tuesday, January 17, 2012

Louise Wimmer, de Cyril Mennegun

Louise Wimmer, quasiment la cinquantaine, cache une vie minable à sa fille, sa plus belle réussite, et peut-être bien la seule. Elle ne vit plus avec le père; touche un salaire misérable en bâclant le ménage dans des chambres d'hôtels ou chez des particuliers; le dépense au bistro où elle prend son courrier. Louise Zimmer n'a en effet pas d'adresse, et vit dans sa voiture, honteux secret qu'elle dissimule sous sa rancœur et ses minuscules joies. Elle ne veut d'aide de personne, si ce n'est de la France qui, depuis des mois, lui doit un appartement.


Louise Wimmer aurait pu être un documentaire. L'image y est réaliste, du type que je n'aime pas trop. Je mets généralement de côté ces films de cinéma qui, en fait, se veulent trop proches de la vraie vie; ils n'ont pas la bonne étiquette, avec leur image blafarde et leurs personnages qui n'en sont pas, qui sont des personnes "comme tout le monde", sans maquillage et avec un débit peu percutant. Peut-être que, si je m'attendais à découvrir un documentaire plutôt qu'une fiction, je serais moins déçue de ces séances, moins ennuyée de ces plans à rallonge qui font passer le temps aussi lentement qu'hors de la salle de cinéma. Louise, ce personnage principal me gêne, à cause de ses réactions crânes, de ses poils sous les bras. Je suis mal à l'aise pour elle, de la même manière que je voudrais faire remarquer dans la rue une fille qui aurait un sac en plastique accroché à sa chaussure. C'est le genre de chose un petit peu drôle, mais, lorsqu'on a une bonne âme, qu'on préfère signaler pour éviter de petites hontes à celui qui s'y empêtre. Louise Wimmer se revendique de la fiction, mais sonne comme une histoire vraie.


Même si je ne suis pas fan du genre donc, Louise Wimmer possède des moments de grâce qui ont réussi à me toucher. Le documentaire rend généralement sérieux, fait réfléchir, froncer le sourcil. Devant, on s'interroge, on critique, on soupèse l'objectivité du propos. La fiction seule réussit à tirer la petite larme, et Louise Wimmer réalise cet exploit. Malgré les moments de malaise, d'autres, touchants, viennent aussi peser dans la balance et rétablir l'équilibre dont j'ai besoin au cinéma. Autant dire que si vous êtes sensibles à ce genre de thème, un problème français, loin des villes plus cinématographiques, loin des canons de beauté et de vies rêvées... vous serez servis, ravis.


Je n'ai jamais autant utilisé la première personne dans une critique de film. Mais je souhaite vraiment mettre de la distance entre ce que j'aime, tout subjectivement, et ce que je recherche dans une salle de cinéma. Le film de Cyril Mennegun, je pourrais en parler mal, car je ne suis pas son public. Il est cependant touchant et percutant, en toute objectivité.



Louise Wimmer
de Cyril Mennegun
avec: Corinne Masiero, Jérôme Kircher, Anne Benoît,...
sortie française: 04 janvier 2012

13 comments:

pierregr said...

Bonjour Fanny. Quand vous dites

"Louise, ce personnage principal me gêne, à cause de ses réactions crânes, de ses poils sous les bras."

Que faut-il comprendre ?
Qu’une femme qui garde ses poils sous les bras n’est pas une femme ? En quoi est-ce gênant ? Je vous accorde qu’on n’en voit quasi jamais au cinéma ni même IRL mais toutes les femmes ont des poils. Seriez-vous pilophobe ? C’est une question, pas un jugement. ;)

Fanny B. said...

@pierregr

:D Merci pour ta réaction, qui me fait rire. Je n'ai rien spécifiquement contre les poils, évidemment, héhé.

C'est l'exemple que j'ai trouvé pour exprimer, peut-être maladroitement, un malaise, certainement un peu injustifié, devant une catégorie de gens qui m'est trop étrangère pour me parler. Cette classe populaire, je la connais, j'en ai conscience, mais, sans que je sois non plus issue du milieu le plus bourgeois, au contraire, m'est distante. C'est pour cela que ce film, je le dis, est très joli: il réussit à me transmettre, un petit peu (et c'est déjà beaucoup), une réalité. Il y a énormément de vrai dans Louise Wimmer, et je n'aime pas forcément beaucoup cela au cinéma; il y a aussi clairement une part de fiction, que j'affectionne plus. Bref, ce n'est pas une question de nombre de poils vus à l'écran, mais l'impact du réel dans un monde d'images retranscrites, qui me touche surtout.

pierregr said...

C'est plus clair maintenant.
Le réal a eu toutes les peines du monde à imposer les poils à son équipe technique, voici ce qu’il disait sur rue89

« Sur le tournage, la question de l'épilation s'est posée. Le HMC [Habillage-maquillage-coiffure, ndlr] demandait : “T'es sûr qu'il faut pas l'épiler ? ” Je répondais : “Mais enfin, elle vit dans sa voiture ! Vous êtes sûrs qu'elle a pas autre chose à foutre que de se raser sous les bras ? ! Et peut-être qu'elle aime ça aussi...”

Qu'est ce qu'on m'en a parlé de ces poils sous les bras ! C'est fou de se rendre compte qu'il y a une transgression dans le fait de montrer une femme qui a du poil sous les bras au cinéma en 2012. C'est terrifiant.

Moi, c'est ça qui me fait peur. On en est où ? Une femme doit être une chose petite, blonde, imberbe et propre ? Sans ça c'est pas acceptable ? »

http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/01/07/cinema-louise-wimmer-sublime-paria-228120

Il faut savoir que depuis les débuts du cinéma, des comités de censure étasuniens ont interdit qu’on montre la pilosité féminine, dans le code Hays, entre autres. Et cette censure imprègne encore les mentalités vu qu’il est virtuellement impossible de voir une femme « poilue » dans un film à notre époque, alors que toutes les femmes ont des poils. C’est du puritanisme, en fait car ces poils rappellent la puberté, donc la sexualité.

corinne said...

Je suis bien d'accord avec votre avis Pierre... Il faut malheureusement trop rester dans des cases stéréotypées de nos jours... Peu de place pour l'originalité et la création donc. Heureusement certains auteurs, réalisateurs sortent de ce "carcan" imposé par la société.
Par contre, je cherche le nom du groupe qui chante dans la dernière scène, celle de la voiture. Impossible de trouver ! HELP !!!

Fanny B. said...

@corinne

Hmm, je ne me souviens pas de la dernière scène... Est celle dans laquelle Louise chante et se défoule, face à la ville? C'est une des plus marquante... En ce cas, Sinner man, de Nina Simone! Merci pour le commentaire.

Fanny B. said...

marquantes*

Corinne said...

Merci Fanny pour ta réponse aussi rapide mais c'est pas cette scène là. C'est la toute dernière lorsqu'elle est avec son ami en voiture et qu'elle est radieuse car elle va prendre possession de son nouvel appart... Je crois qu'il s'agit d'un vieux tube d'un groupe américain... sans certitude.

Fanny B. said...

Ah oui oui oui! Bon, je ne me souviens plus, mais tu devrais trouver le titre dans cette liste: http://www.allobo.com/bo-louise-wimmer-8266.html

corinne said...

Merciiiii Fanny ! ça y est, j'ai trouvé grâce ton lien ! Il s'agissait du titre "The day of burly spencer". J'adoooore. Pourtant c'est pas mon époque. Merci encore... C'est grâce à toi ! Si tu veux voir de belles photos de Tahiti où j'habite depuis l'année dernière viens sur ma page facebook (corinne paupiere)

corinne said...

Merciiiii Fanny ! grâce à ton lien j'ai enfin trouvé. Il s'agissait du titre "Days of Pearly Spencer". J'aime bcp même si ce n'est pas vraiment mon époque... Merci encore, sans ton aide je n'aurais jamais trouvé. Si tu veux voir de belles photos de Polynésie où j'habite depuis l'an dernier, viens sur ma page Facebook (corinne paupiere). Merci merci !!!

corinne said...

C'est le titre : "The day of PEARLY Spencer"... Fanny. Oups !

Fanny B. said...

Hahaha! Finalement, on y arrive ;)

corinne said...

yes !!!! ;))