Thursday, September 6, 2012

Mobile home, de François Pirot

Simon retourne chez ses parents après une séparation avec sa petite amie, avec sa vie et son boulot en ville. Il retrouve à la campagne une paix morne, et son ami d'enfance, Julien, qui n'a jamais quitté son père. Les deux garçons, plongés dans leurs souvenirs, décident de partir comme ils avaient prévu des années auparavant, sur les routes, en camion, vivotant de petits boulots quand l'argent vient à manquer. Ils investissent les économies de Simon dans un mobile home, qui tombe en rade à quelques kilomètres à peine de leur village.


Constat un peu triste de trentenaires pas grandis, Mobile home joue pourtant de beaucoup d'humour et de situations décalées pour ne pas montrer ses deux héros comme des losers. Simon et Julien sont des trentenaires comme on en voit pas mal aujourd'hui, forcés de vivre avec leurs parents, et qui se trouvent bien ainsi, à être logés et nourris sans avoir à travailler. Ils sont en stand-by, entre deux eaux, coincés entre l'envie de s'accomplir et celle de ne pas suivre les mêmes règles que les autres. Quel avenir se présente à eux, plus original que de trouver femme, amasser des sous pour s'acheter un toit, et vieillir en oubliant ses rêves de gosses?


Ces rêves, ils prennent la décision de les faire revivre, et la décision, si elle n'était pas une fuite en avant, est courageuse. Car peu d'entre nous allons au bout de nos idées. Pour Simon et Julien, alors étudiants, l'avenir se présentait sous forme de concerts, de tournées, et d'amitiés inébranlables. Les filles, le couple, les enfants, passaient après le sexe sans prise de tête et la fête. S'engager, se sédentariser, rester coincé dans un appartement en ville, sans pouvoir y respirer, en faisant une croix sur ses ambitions personnelles, qui, finalement, veut ce type de vie?


Évidemment, le caractère impatient de Simon et celui, influençable, de Julien, ne correspond plus à leurs rêves bohèmes d'ados. Et de gentiment jouissifs à insupportables adulescents, les deux garçons évoluent tout au long du film. La réalité les rattrape, évidemment, au terme de leurs péripéties peu lointaines. Le constat n'est cependant pas celui de l'échec, comme je l'annonçais. Le film dose largement sa part de dérision, sans en faire trop, et en jouant du bon rythme pour faire rire. Il s'agit surtout de se comprendre soi, et de grandir, sans vieillir pour autant, afin de suivre sa propre route et d'y trouver ses propres satisfactions


Le premier long-métrage de François Pirote conclue avec une jolie ouverture, qui appelle l'imagination du spectateur à travailler. Chacun rêvera à la suite des aventures de Simon et de Julien, et pourra voir le verre à moitié plein, à moitié vide... selon qu'on soit, soi-même, face à ses propres impasses ou dans la perspective d'un avenir en accord avec nos rêves d'enfants!



Mobile home
de François Pirot
avec: Arthur Dupont, Guillaume Gouix, Eugénie Anselin,...
sortie française: 29 août 2012

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