Wednesday, April 9, 2014

12 years a slave, de Steve McQueen

Solomon est un homme libre. Violoniste, il quitte Washington et sa famille pour une semaine de tournée, avec deux joyeux compagnons. Il se réveille enchaîné un matin. Emmené en Géorgie, parqué avec d'autres hommes, femmes et enfants noirs, il est vendu comme un objet.


Steve McQueen, en seulement trois films, s'impose comme un cinéaste puissant qui n'a pas peur d'assumer ses sujets. Il aborde l'escalavage comme il a traité la faim, le sexe, avec un besoin de dénoncer l'indécence humaine, et en poussant les corps à bout. La soumission de Solomon est totale, physique et mentale. Il se fait vendre, acheter, battre, toucher, perd son nom et devient Platt, avale sa colère.


L'histoire est suffisamment forte par elle-même. Steve McQueen, sans en rajouter dans la violence (sans avoir peur de la montrer non plus), la met en scène entre d'une manière à la fois classique et grandiose. Il me faudrait analyser le film plus finement, le revoir plusieurs fois, afin de comprendre sa façon d'équilibrer ces deux extrêmes; Mc Queen est classique avec un twist unique; et grandiose sans être grandiloquent. Il y a un plan dans Shame, que je me rappelle parfaitement; il montre le passage dans l'appartement de Brandon entre la chambre et la salle de bain; la caméra est placée à hauteur de hanche et Brandon, nu, passe d'une pièce à une autre. Dans Hunger, c'est le plan de transition entre les deux parties du film qui m'a le plus marquée: c'est un plan fixe très long, dans lequel deux personnages assis à une table, de profil, discutent; ils sont quasiment en contre-jour. Dans 12 years a slave, il y a un gros plan sur le visage de Solomon; un plan très large d'un groupe qui chante un esclave mort; ou encore celui sur Patsey, les mains liées autour d'un tronc au premier plan, le sang jaillissant en gouttelettes de son dos battu par le fouet. Pas un cadre n'est insignifiant, pas un mouvement de trop, et chaque image parle d'elle-même.


Evidemment, pour être aussi percutantes, les scènes arrivent toujours au bon moment. Il n'y pas pas une seconde de trop, nulle part. L'histoire se met rapidement en place, en n'oubliant rien de la relation entre Solomon, sa femme, ses enfants, sa vie d'homme libre. Et sa capture, inattendue, semble d'autant plus cruelle, quand on a compris que Salomon n'a jamais subi l'esclavage. Il passe de main en main, auprès de trois propriétaires plus ou moins cléments, des champs de coton à ceux de canne à sucre, montrant un vaste panel d'injustices.


Mais le réalisateur ne se contente pas de dénoncer l'esclavage. Il le montre sous les traits d'un homme qui ne perd jamais espoir, même en acceptant sa nouvelle condition. Encore une fois, Steve McQueen trouve l'équilibre entre


12 years a slave
de Steve McQueen
avec: Chiwetel Ejiofor, Lupita Nyong'o, Michael Fassbender,...
sortie française: 22 janvier 2014
sortie australienne:

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